Histoire du Zen

Petit historique du Zen, pour mettre les choses en perspective.

Le Bouddha

Quelques grands sages ont ouvert un chemin… parmi ces personnalités dont la sagesse a rayonné dans l’histoire de l’humanité, on trouve Shakyamuni Bouddha.

« Shakyamuni, l’homme, est le fondateur du bouddhisme, de la Voie de l’Éveil. On ne peut cependant restreindre cette Voie et cet Éveil dans le temps et dans l’espace. L’éveil préexistait à Shakyamuni et la Voie englobe tout l’univers : qui pourrait fixer des limites à l’absolu ? »

Pierre Crépon, Les fleurs de Bouddha.

Le Bouddha

Le Bouddha historique, Siddharta Gautama, a vécu au Ve siècle avant notre ère dans le nord-ouest de l’Inde. Au cours d’un long cheminement, il renonça tour à tour à la vie opulente et oisive qui se présentait à lui, et aux pratiques ascétiques extrêmes qu’il suivit avec des religieux errants avant d’accéder à la délivrance. Il comprit que la « Voie du milieu » était le meilleur moyen d’y parvenir, méditant profondément aux causes de la souffrance humaine : la maladie, la vieillesse et la mort, il eut la révélation de l’impermanence de tous les phénomènes de la vie et de leur interdépendance.

C’est vers l’âge de 35 ans qu’il connut l’éveil assis en méditation dans la posture du lotus (zazen) sous l’arbre de la bodhi.

Il réalisa l’unité de tous les êtres, sensibles et insensibles, la véritable nature des existences.

Dès lors, il préconisa une Voie de sagesse, où la compassion et la non-violence naissent d’un abandon de l’égoïsme par la pratique de la méditation et de l’ouverture aux autres. Jusqu’à sa mort vers l’âge de 80 ans, il décide de prêcher la Loi qu’il a découverte avec le souci d’aider tous les êtres à se libérer de la souffrance.

La première Sangha bouddhiste

C’est à travers ses périples de ville en ville, ses retraites durant la saison des pluies, ses sermons célèbres devant un grand public, les anecdotes transmises, les débats avec des brahmanes, des paysans ou des courtisanes, que son enseignement se propagea. Il eut de très nombreux disciples qui le suivaient, la première Sangha. Il ordonna des moines et des nonnes de toutes castes ; des laïcs et même des rois se convertirent à son enseignement : le Dharma.

« Une transmission en dehors des Ecritures,
Ne dépendre ni des mots ni des concepts,
Toucher directement le coeur de l’être,
Contempler sa vraie nature et devenir Bouddha. »
Bodhidharma

De l'Orient à l'Occident

Réalisant l’éveil il y a deux mille cinq cents ans, le Bouddha Shakyamuni transmit son expérience et son enseignement s’est propagé comme une flamme en allume une autre…

Au VIe siècle, venant du Sri Lanka, Bodhidharma arrive en Chine, où l’expérience de l’éveil qu’il transmet se développe sous le nom de Ch’an (Zen, en chinois).

À partir du VIIe le bouddhisme se diffuse au Tibet et se développe en plusieurs grandes écoles. Leurs traditions se sont développées à travers plusieurs lignées de grands maîtres. Certains textes considérés comme des «trésors d’enseignement» furent cachés au moment de l’implantation du  bouddhisme au Tibet au XVIIIe siècle et redécouverts plus tard.

Obaku. Il enseignait : « Il suffit pour cela d'une silencieuse coincidence. »

Le Ch’an chinois

Aprés Bodhidarma, se sont succédé 23 patriarches en Chine.
Les maîtres du Ch’an ont laissé des poèmes exprimant l’essence de l’enseignement d’une grande beauté qui sont des textes encore étudiés et chantés dans les temples et dojos zen actuels :

  • Maka Hannya Haramita Shingyo (essence du sutra de la grande sagesse qui permet d’aller au-delà.) Le sutra commun à toutes les écoles Bouddhistes du grand véhicule.
  •  Shin Jin Meï (inscription sur la foi en l’esprit) de Maître Sosan, 3e patriarche, 6e siècle.
  • Shodoka (le chant de l’éveil) de Maître Yoka Daïshi, 7e siècle.
  • Sandokaï (harmonie entre différence et identité) de Maître Sekito Kisen, 8e siècle.
  • Hokyo Zanmaï (samadhi du miroir précieux) de Maître Tozan Ryokai, 9e siècle.
  • Fukanzazengi (enseignement du zazen) de Maître Dogen, 13e siècle.
  • Kannongyo (extrait du Sutra du Lotus) sutra de la compassion.

Au XIIe siècle, Maître Wanshi insiste particulièrement sur l’éveil silencieux (mokusho zen) par opposition au zen des koans de l’école Rinzaï.

Dogen, autoportrait, 1249, monastère Hokyo-ji, Fukui Prefecture, Japon.

Le Zen japonais

Au XIIIe siècle, le moine japonais Dogen, après un séjour initiatique en Chine, implante au Japon le zen Sôtô. Maître Dogen est considéré comme un des plus grands maîtres de l’histoire du bouddhisme. Il est le fondateur du monastère Eiheiji. Son enseignement a été consigné dans un recueil « le Shobogenzo » considéré comme un véritable joyau du Bouddhisme zen est encore étudié de nos jours.

Le Fukanzazenji, chanté dans les monastères et dojos lors des cérémonies a été écrit par Maître Dogen. Il exprime l’essence de la pratique de zazen.

Maître Keizan Jokin, successeur à la 3e génération de Dogen est considéré comme un pilier de l’École Soto.

S’étant développé sur 8 siècles et toujours vivant au japon actuellement avec de très nombreux monastères, le Zen a influencé profondément la culture japonaise.

Au XXe siècle

Au XXe siècle, l’occident commença à s’intéresser au zen, surtout à travers les Arts et la philosophie, alors qu’à la même époque, au japon, Maître Kodo Sawaki donnait une nouvelle impulsion et authenticité à la pratique, qui s’affaiblissait au profit d’une certaine institutionnalisation.

Le moine Zen Taisen Deshimaru.

À sa mort, son disciple Maître Deshimaru vint en France en 1967 et y développa la pratique du zen. Jusqu’à sa mort en 1982, il éduque et ordonne de nombreux moines, nonnes et bodhisattvas. Il donne des conférences, publie de nombreuses traductions et commentaires de textes essentiels de la tradition zen. Il ouvre plus de deux cents lieux de pratique, en France et en Europe, crée l’Association Zen Internationale (AZI) et fonde le temple de la Gendronnière avec des disciples qui continuent de développer son exceptionnelle mission.

Au temple Zen de la Gendronnière, fondé par maitre Taisen Deshimaru.